Avec un pareil titre, on pourrait penser que le GADEL a été contaminé par le poison du complotisme et qu’il pense qu’il n’y a jamais eu d’incendie de Notre-Dame….comme il n’y aurait jamais eu d’alunissage de l’homme sur la lune en 1969 ou d’avion qui se serait écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001. Non, rassurons-nous, le GADEL n’a pas sombré dans le complotisme et l’incendie de Notre-Dame de Paris n’est, hélas, pas une faribole.
On peut quand même méditer sur cet événement tragique et voir dans cet incendie une métaphore, une sorte de fable que n’aurait pas manqué d’écrire Jean de La Fontaine s’il était encore parmi nous. Les lecteurs pardonneront l’absence de vers. Une fable sur le caractère fragile de toutes choses. Cette cathédrale vieille de 850 ans nous semblait éternelle et promise à rester debout pour le reste des temps. Il s’en est fallu de peu pour qu’elle ne disparaisse, en quelques heures, totalement et pour toujours. Ainsi en va-t-il de nos civilisations, de nos systèmes économiques que nous croyons pourtant quasi éternels et les seuls capables de nous assurer un avenir radieux. Les flammes qui ont dévoré la cathédrale nous renvoient à une réflexion sur la fin annoncée, probable peut-être, de cette humanité ivre de la consommation suicidaire de ses ressources.
Tout ce qui peut arriver finit par se produire. L’impensable, ce n’est pas ce qui ne peut jamais arriver. C’est simplement ce qui n’avait pas encore été pensé. Devant la nef en flammes, devant cette forêt de chênes calcinés, comment ne pas penser aux carcasses mortifères de Tchernobyl et de Fukushima, des catastrophes qu’on nous avait dit pourtant impensables, inimaginables. Comment ne pas penser au 11 septembre 2001 avec les Twin Towers et leurs 3000 morts. Une autre folie des hommes qui a laissé le monde dans la sidération. Tous ces événements nous renvoient aux mots de Paul Valéry, écrits après la grande boucherie, le grand désastre de 14-18 : « « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie »
L’incendie de Notre-Dame, c’est la fable de notre humanité qui peut elle aussi partir en fumée. Depuis dix mille ans, à la période du néolithique, depuis que l’homo sapiens a découvert l’agriculture, l’élevage, les sciences, les villes, les religions, les nations, les empires… l’homme s’est construit une immense maison commune dans cette immense cathédrale qu’est notre planète. Nous croyons notre humanité éternelle, promise à un développement sans fin. La braise a longtemps couvé sans dégager la moindre fumée mais les premières flammes de l’incendie sont désormais là… des flammes qui ont pour nom « dérèglement climatique » et « perte de la biodiversité ». Mais nous détournons nos yeux, espérant que de courageux pompiers arriveront, tôt ou tard, à éteindre l’incendie qui commence à ravager notre espèce et toutes les autres espèces vivantes. Pour cet incendie-là, pas de pompiers à espérer, pas d’homme politique providentiel à attendre. Seule une prise de conscience généralisée des humains et une volonté farouche de changer de cap et de modèle de croissance économique pourra nous sauver. Il y faudra du courage, de l’imagination collective et l’acceptation de renoncer tous ensemble à cette société d’hyperconsommation qui mène l’humanité à sa perte… autrement dit prendre le chemin de la décroissance. Sinon, l’incendie, qui n’en est encore qu’à ses débuts, va continuer à ravager notre maison commune : la Terre.